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Construire un diagramme de PERT : la méthode pour visualiser le réseau de dépendances de votre projet

Temps de lecture estimé : 25 min

Le réseau de projet, ou diagramme de PERT, sert à la planification, à l’ordonnancement et au suivi de la progression d’un projet. Il s’agit d’un diagramme graphique et visuel qui vient compléter la Work Breakdown Structure (WBS) du projet.

C’est dans ce diagramme que le gestionnaire de projet visualise les liaisons entre les tâches élémentaires, aussi appelées dépendances, qui décrivent l’enchaînement logique des activités du projet.

Diagramme de PERT illustrant les dépendances entre différentes tâches d’un projet, utilisé pour identifier le chemin critique et estimer la durée minimale du projet.

Pourquoi créer un diagramme de PERT ?

Créer un diagramme de PERT vaut-il réellement le coup ? La réponse est presque toujours oui.

C’est une représentation très visuelle du projet, accessible à tous, et qui, une fois construite, peut être modifiée facilement pour tenir compte des imprévus. Ce diagramme permet d’évaluer rapidement l’impact d’un retard sur l’ensemble du projet, favorisant ainsi une communication claire et réactive au sein des équipes concernées. Il offre une estimation précise de la durée du projet, indique les dates possibles de début et de fin des tâches, les marges de manœuvre, ainsi que les tâches critiques, c’est-à-dire celles qui ne doivent pas être retardées si l’on veut respecter le planning global.

En somme, la construction, le suivi et la mise à jour du diagramme de PERT constituent l’un des outils de planification les plus puissants en gestion de projet.

De la WBS au diagramme de PERT : Ordonnancement et planification

Le diagramme de PERT fonctionne de pair avec la Work Breakdown Structure (WBS). Il représente graphiquement la succession, les dépendances et les relations logiques entre les activités à accomplir pour mener à bien le projet. Ces activités sont les tâches élémentaires issues de la WBS : ce sont les actions concrètes à réaliser pour produire un livrable, suffisamment précises pour qu’on puisse leur attribuer une durée, un coût, et un responsable.

L’objectif du diagramme de PERT est de positionner ces tâches dans le temps, selon leur enchaînement logique. Ainsi, une fois chaque tâche associée à une durée (lors de la création de la WBS), le fait de choisir une date de début du projet et d’établir le diagramme de PERT permet d’obtenir un calendrier de projet précis, tâche par tâche.

Dans ce diagramme, chaque tâche est représentée par un rectangle, et les liens de dépendance entre elles sont matérialisés par des flèches.

Diagramme de PERT : terminologie

  • Tâche élémentaire : action à réaliser pour produire un livrable du projet. Elle est suffisamment précise pour qu’on puisse lui associer une durée, un coût, et un responsable.
  • Tâche bloquée : une tâche précédée d’une autre. On dit que la tâche est bloquée par celle(s) qui la précède(nt)
  • Tâche bloquante : une tâche suivie d’une autre. On dit que la tâche est bloquante pour celle(s) qui la suive(nt)
  • Tâche élémentaire de raccordement : tâche précédée immédiatement par plusieurs autres tâches. Elle reçoit donc plusieurs dépendances entrantes. elle ne peut commencer que si toutes les tâches précédentes sont terminées.
  • Tâche élémentaire souche : tâche suivie immédiatement par plusieurs autres tâches. Elle possède plusieurs dépendances sortantes. Son avancement conditionne plusieurs autres activités.
  • Tâches élémentaires parallèles : tâches indépendantes entre elles qui peuvent être réalisées en même temps, à condition que leurs prédécesseurs soient achevés.
  • Chemin : suite de tâches reliées entre elles par des dépendances logiques. Il représente un enchaînement cohérent d’activités dans le réseau de projet.
  • Chemin critique : chemin le plus long (en durée) à travers le réseau de projet. Il détermine la durée minimale du projet.
  • Tâche élémentaire critique : tâche appartenant au chemin critique. Tout retard dans son exécution entraîne automatiquement un retard du projet.
Diagramme de dépendances de tâches montrant que la tâche X doit être terminée avant de pouvoir commencer les tâches Y et Z, illustrant un enchaînement logique dans un projet.

Dans l’exemple ici, X, Y et Z sont des tâches élémentaires. X est une tâche souche, elle est bloquante pour Y et Z. Les tâches Y et Z sont donc des tâches bloquées par X, et elles peuvent s’effectuer en parallèle. Il existe deux chemins dans cet exemple : le chemin X > Y et le chemin X > Z.

Les 8 principes de base pour construire un diagramme de PERT

  • Le tracé du diagramme se fait de gauche à droite, dans le sens de la lecture du temps.
  • Chaque tâche élémentaire reçoit un numéro d’identification unique.
  • Les flèches qui matérialisent les dépendances doivent se croiser le moins possible pour garantir la lisibilité du réseau.
  • Le diagramme respecte les principes de la méthode des antécédents : une tâche ne commence que lorsque ses antécédents sont terminés.
  • Aucune boucle n’est autorisée : on ne repasse jamais deux fois par un même ensemble de tâches. Le réseau est acétique (sans cycle).
  • Il n’y a pas de conditions logiques dans un diagramme de PERT : les formulations du type “Si X alors Y, sinon Z” sont interdites.
  • Une tâche de début de projet et une tâche de fin de projet sont ajoutées pour marquer explicitement les bornes du projet.
  • Une tâche ne peut commencer que lorsque toutes les tâches qui la précèdent (selon les liens de dépendance) sont achevées.

La méthode des antécédents et les relations de bases

Dans la méthode des antécédents, il existe trois types de relations logiques fondamentales entre les tâches élémentaires.

Pour déterminer la bonne relation, il suffit de répondre à trois questions simples pour chaque tâche issue de la WBS :

  • Quelles tâches doivent être réalisées immédiatement avant cette tâche ? → Ce sont les antécédents, aussi appelés tâches bloquantes.
  • Quelles tâches peuvent être réalisées immédiatement après cette tâche ? → Ce sont les successeurs, aussi appelés tâches bloquées.
  • Quelles tâches peuvent être effectuées en même temps que cette activité ? → Ce sont des tâches parallèles, réalisables sans dépendance directe.

Dans la pratique, répondre à la question 1 et 3, ou bien à la question 2 et 3, suffit généralement à construire l’ensemble du diagramme de PERT, à condition de passer en revue toutes les tâches élémentaires.

Une fois toutes les relations logiques établies, il est possible de relier l’ensemble des tâches du début à la fin du projet. Le diagramme obtenu sert alors de base au planning du projet.

Grâce à ce réseau, une série de calculs simples permet ensuite de :

  • déterminer la date de fin prévisionnelle du projet,
  • calculer les marges (totales et libres),
  • et identifier le chemin critique, c’est-à-dire la suite de tâches ne pouvant souffrir aucun retard sans impacter l’échéance globale.

Se rapprocher de la réalité, un diagramme de PERT plus flexible

Dans la réalité, le huitième principe de l’élaboration d’un diagramme de PERT — “une tâche ne peut commencer tant que toutes les tâches précédentes qui lui sont liées ne sont pas terminées” — peut parfois s’avérer trop rigide.

Cela devient particulièrement visible lorsqu’une tâche est très longue et qu’elle retarde inutilement le démarrage d’une autre tâche qui pourrait pourtant commencer partiellement ou en parallèle.

Supposons un projet avec les trois tâches suivantes :

  • Creuser la tranchée
  • Poser le tuyau
  • Reboucher la tranchée

Si l’on respecte strictement le principe du PERT, il faudrait d’abord creuser la tranchée sur tout le kilomètre, puis poser le tuyau sur tout le kilomètre, avant de reboucher.

Diagramme de dépendances illustrant une chaîne linéaire de tâches pour un projet de pose de tuyaux, incluant le creusement de la tranchée, la pose du tuyau, le rebouchage, et la clôture du projet

Dans la réalité, on fait souvent les trois tâches en progression : On creuse sur 100 mètres, on pose le tuyau sur ces 100 mètres, pendant qu’on continue de creuser plus loin.

Ce qu’il se passe ici est que les tâches élémentaires de ce projet ne sont pas assez décomposées, ces tâches élémentaires peuvent être décomposées en segment comme dans l’exemple ci dessous.

Diagramme de dépendances représentant la décomposition en échelle d’un projet de pose de tuyaux, découpé en trois segments successifs. Chaque segment inclut trois tâches : creuser, positionner le tuyau, et reboucher, exécutées de manière enchaînée et partiellement simultanée.

Cette décomposition et cette formation dans le diagramme de PERT est appelée de par sa forme, une formation en échelle. La formation en échelle permet de décomposer davantage les tâches élémentaires. Seulement, cette méthode de formation en échelle peut parfois amener un niveau de détail trop complexe à gérer au sein du projet.

Pour éviter cela, il est possible d’introduire dans le diagramme de réseau la notion de décalage.

Cette notion permet de définir 3 relations au sein du diagramme de PERT.

La liaison fin-début

La liaison fin-début est la liaison de base du diagramme de réseau, celle que nous avons appliquée depuis le début de cet article. Si la tâche Y est bloquée par la tâche X, alors elle ne peut commencer que lorsque la tâche X est terminée.

Au sein de cette relation, il peut être pertinent d’ajouter la notion de décalage. Un décalage "d" introduit entre Y et X signifie que la tâche Y ne peut commencer que lorsque la tâche X est terminée et qu’un délai "d" s’est écoulé.

Un exemple concret de ce type de décalage est celui d’une commande de matériel : passer la commande peut ne prendre qu’une journée, mais il faudra peut-être attendre dix jours pour recevoir la livraison. Cela permet d’indiquer, dans le diagramme de PERT, qu’entre le début et la fin de la tâche élémentaire “Commander le matériel”, il s’écoulera bien onze jours, mais que seul un jour est effectivement travaillé, les dix autres représentant un temps d’attente.

Une attention particulière doit cependant être portée à cette pratique : l’idée ici n’est pas d’utiliser le décalage pour introduire une “réserve de temps” destinée à absorber les retards, mais bien de modéliser un délai réel, justifié, et reflétant fidèlement le déroulement du projet.

La liaison début-début

La liaison début-début est une liaison qui décrit une situation où il est possible d’exécuter une partie de la tâche X, puis de commencer l’activité suivante Y sans que la première ne soit terminée.

C’est cette liaison qu’il convient d’utiliser dans l’exemple du tuyau présenté précédemment. Transformer des liaisons fin-début en liaisons début-début permet de faire passer des tâches initialement bloquantes ou bloquées en parallèle, ce qui peut contribuer à réduire la durée du chemin sur lequel elles se trouvent.

Si ce travail est réalisé sur des tâches situées sur le chemin critique, alors la liaison début-début permet effectivement de compresser la durée totale du projet.

L’introduction d’un décalage "d" dans cette liaison signifie que la tâche Y ne pourra commencer qu’après que la tâche X a débuté, et qu’un délai "d" se soit écoulé à partir de ce moment.

La liaison fin-fin

La liaison fin-fin est une liaison qui décrit une situation où la fin d’une tâche dépend de la fin d’une autre. Bien que plus rare, cette liaison peut être utilisée lorsqu’il existe un besoin de continuité ou de synchronisation entre deux fins d’activité.

Par exemple, dans un projet de migration de serveur, la tâche Y "Éteindre l’ancien système" ne peut se terminer que lorsque la tâche X "Mise en service du nouveau système" est également achevée.

L’introduction d’un décalage "d" dans cette liaison signifie que la tâche Y ne pourra se terminer qu’après qu’une durée "d" se soit écoulée à partir de la fin de la tâche X.

Diagramme de PERT exemple : La mise en ligne du site Web Orchesia

Reprenons l’exemple présenté dans l’article sur la WBS de la mise en ligne du site web Orchesia.

Les tâches élémentaires listées dans cet exemple sont les suivantes :

1.1.7.1. Construire la palette de couleurs de la landing page

1.1.7.2. Choisir les différentes polices d’écriture

1.1.7.4. Définir le style graphique et l’iconographie

1.1.7.5. Créer les modèles de boutons et éléments interactifs

1.1.7.3.1. Benchmarker et choisir un graphiste

1.1.7.3.2. Présenter le concept, les besoins et les valeurs d’Orchesia au graphiste

1.1.7.3.3. Sélectionner un logo parmi les propositions

1.1.7.3.4. Valider et récupérer le logo final sous tous les formats requis

1.1.7.3.5. Tester le logo auprès d’un petit panel d’utilisateurs

Diagramme de dépendances illustrant la conception de l'identité visuelle d’un projet web dans l’interface Orchesia.

Dans notre exemple, posons-nous pour chaque tâche les trois questions fondamentales de l’élaboration d’un diagramme de PERT :

  • Quelles tâches doivent être réalisées immédiatement avant cette tâche ? Ce sont les antécédents, que nous appellerons des tâches bloquantes.
  • Quelles tâches peuvent être réalisées immédiatement après cette tâche ? Ce sont les successeurs, que nous appellerons des tâches bloquées.
  • Quelles tâches peuvent être effectuées en même temps que cette activité ? Ce sont des tâches élémentaires parallèles.

Je sais que la réalisation du logo par un graphiste est l’élément central qui permettra à la marque Orchesia de confirmer son identité visuelle et de déterminer ses éléments graphiques fondamentaux. Les tâches liées à la création du logo s’enchaînent logiquement les unes après les autres, sans parallèle possible, selon l’ordre suivant :

1.1.7.3.1. Benchmarker et choisir un graphiste >

1.1.7.3.2. Présenter le concept, les besoins et les valeurs d’Orchesia au graphiste >

1.1.7.3.3. Sélectionner un logo parmi les propositions >

1.1.7.3.5. Tester le logo auprès d’un petit panel d’utilisateurs >

1.1.7.3.4. Valider et récupérer le logo final sous tous les formats requis

Cette chaîne représente une succession directe de tâches bloquantes et bloquées, et ne laisse place à aucun traitement en parallèle. Les autres tâches de conception graphique, telles que la construction de la palette de couleurs ou la définition du style graphique, ne peuvent être lancées tant que le logo n’a pas été validé, et sont donc entièrement dépendantes de ce chemin.

Diagramme de dépendances montrant les étapes de création de l'identité visuelle d'un site web, et leur ordonnancement dans l’interface Orchesia

Ensuite, la tâche 1.1.7.1 – Construire la palette de couleurs de la landing page est directement bloquée par la tâche 1.1.7.3.4 – Valider et récupérer le logo final sous tous les formats requis. En effet, la construction de la palette doit s’appuyer sur les couleurs, le ton et l’univers graphique définis par le logo afin d’assurer la cohérence de l’identité visuelle d’Orchesia. Il n’est donc pas pertinent de démarrer cette tâche avant que le logo n’ait été validé de manière définitive.

En parallèle, la tâche 1.1.7.2 – Choisir les différentes polices d’écriture peut, quant à elle, être réalisée indépendamment des autres tâches. Elle n’est bloquée par aucune tâche antérieure, ni ne bloque les suivantes, et peut donc être exécutée en parallèle de toutes les autres tâches.

Vue détaillée des dépendances entre tâches du projet  de mise en ligne du site web Orchesia, montrant le chemin critique pour la conception graphique de la landing page, du brief initial jusqu’à la récupération du logo final.

La tâche 1.1.7.4 – Définir le style graphique et l’iconographie est quant à elle bloquée par la tâche 1.1.7.1 – Construire la palette de couleurs de la landing page. En effet, la définition du style global et du langage visuel ne peut se faire sans avoir, au préalable, fixé les couleurs principales et secondaires qui composeront l’univers graphique du projet. Cette tâche dépend donc directement des choix effectués dans la palette.

Enfin, la tâche 1.1.7.5 – Créer les modèles de boutons et éléments interactifs est elle-même bloquée par la tâche 1.1.7.4 – Définir le style graphique et l’iconographie. Les éléments d’interface utilisateur doivent être conçus dans le respect du style graphique global, afin de garantir une cohérence visuelle et fonctionnelle sur l’ensemble de la landing page. Cette tâche ne peut donc démarrer qu’une fois le style défini.

Chemin critique complet du projet de mise en ligne du site web Orchesia, reliant les étapes de création du logo jusqu'à la conception de l'identité visuelle et des éléments interactifs.

Et ainsi de suite, ce travail est à réaliser pour l’ensemble des tâches élémentaires du projet. Une tâche peut être bloquante pour plusieurs tâches, et une tâche peut être bloquée par plusieurs autres. Ce travail permet d’ordonnancer le projet et de visualiser l’enchaînement logique des différentes tâches.

Orchesia le logiciel conçu pour structurer et créer le diagramme de PERT de vos projets

Avec Orchesia, la vue dépendance vous permet de construire en quelques clics votre diagramme de PERT. Les tâches élémentaires dans cet onglet sont directement extraites de la WBS créée dans la vue carte mentale. Cela permet de ne rien oublier et de s’assurer que toutes les tâches ont bien été placées dans l’ordre logique de réalisation du projet.

Deux rectangles, début et fin de projet, sont créés automatiquement : il ne vous reste plus qu’à indiquer comment les tâches sont liées entre elles.

Un simple clic sur une tâche vous permet de choisir si elle est bloquée ou bloquante ; en cliquant ensuite sur une seconde tâche, le lien est immédiatement réalisé. Les tâches se positionnent les unes après les autres de manière optimale, et une flèche est créée pour les relier.

Par défaut, Orchesia considère les liaisons comme étant des liaisons fin-début avec un décalage nul. Cliquez sur la liaison de votre choix pour changer son type ou intégrer un décalage entre les tâches liées.

Automatiquement, Orchesia effectue tous les calculs du diagramme de PERT : chemin critique, marges, dates de début et de fin de chaque tâche, ainsi que la durée totale du projet.

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